Suis-je un vendu ? En tant que publicitaire, ne suis-je qu’un vulgaire petit vassal minable, inféodé à la machine qui bouffe les âmes ? Ne suis-je qu’un mercenaire à la solde des tendances, des vice-présidences et des objectifs trimestriels ? Ne suis-je qu’un bouffon qui fait son spectacle, sur demande, en espérant récolter un peu de pécule pour alimenter l’agence ?
Suis-je celui qui fait la carpette quand un client potentiel lui demande, sans humanité, sans considération, scotché dans son petit pouvoir, de lui donner le fruit du travail de notre équipe sans qu’il ne daigne me dévoiler en retour ses règles du jeu ?
Non. Je ne suis pas celui-là.
Dire non, c’est le plus grand atout du publicitaire qui se respecte. Je ne parle pas ici de dire non en faisant la grosse tête, imbu de son propre talent. Je parle plutôt de dire non aux abuseurs narcissiques qui ne jouent pas franc-jeu. À l’agence, nous sommes prêts à nous défoncer à l’exposant mille pour gagner un « pitch », tant que les règles demeurent claires et que l’essence de notre travail est respectée. Nous assumons la part du risque dans le développement de nos affaires.
Dire non, c’est le plus grand atout du publicitaire qui se respecte. Je ne parle pas ici de dire non en faisant la grosse tête, imbu de son propre talent. Je parle plutôt de dire non aux abuseurs narcissiques qui ne jouent pas franc-jeu. À l’agence, nous sommes prêts à nous défoncer à l’exposant mille pour gagner un « pitch », tant que les règles demeurent claires et que l’essence de notre travail est respectée. Nous assumons la part du risque dans le développement de nos affaires.
Nous apprécions les gens francs, vrais, honnêtes et nous constatons quotidiennement qu’il reste assez de ce type d’individu pour qu’on vive bien. Mais le dirigeant opaque qui exige que je brade notre créativité quand lui, de son bord, ne ferait jamais le centième de ce qu’il me demande pour un de ses clients, lui, cet être emprisonné dans son ignorance, je suis vraiment tenté de mépriser sa posture psychologique.
Mais je ne tombe pas dans le piège. Pas plus que je ne me laisse la liberté de juger son petit « standing » de parvenu inapte à réaliser le pathétique de sa cravate trop voyante ou de son utilisation compulsive d’un conditionnel indigne d’un enfant de la maternelle. Lui (ou elle, mais c’est plus souvent lui), je le laisse objectivement à son statut de roitelet du marché aux puces de St-Eustache. Et je l’abandonne à la concurrence (désolé les copines et les copains, c’est aussi ça l’économie de marché).
Chez Camden, nous tentons de toucher l’inaccessible étoile du bon, du rentable et du beau. Je crois que la publicité peut porter une belle part de nos valeurs et transcender une quête artistique, en toute cohérence avec les marques. Nous pouvons, je l’espère vraiment, arriver à changer le visage de certains annonceurs TOUT en favorisant leur croissance. Et contrairement au vandalisme absolument inspirant de MissMe, montré en introduction, je suis convaincu que nous pouvons exploiter les médias payés, en toute légalité, en amalgamant le bien commun à l’ADN des annonceurs.
Pas tout le temps. Peut-être pas souvent. Mais parfois oui. Et là, quand ça arrive et qu’on sent nos poils se dresser, en gang, dans la salle de conférence, en regardant en primeur le résultat final d’un message avant sa diffusion, je me dis bien égoïstement que je n’aurai peut-être jamais de yacht, comme certains dirigeants de grands réseaux d’agences, mais que cette fierté vaut cent fois plus. Car elle nous survivra.
Mathieu
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