En ce dimanche, je vous livre un billet très personnel pour me décharger d'une rancoeur intense. Si vous désirez lire sur la publicité, ce sera lors d'un prochain billet. Vous êtes avertis.
Tantôt mon père m'a appelé. Au téléphone. BEDARD Y sur l'afficheur. J'ai répondu. Il m'appelait pour la première fois en 14 mois. Je m'y attendais car il me téléphone habituellement quand il me voit aux nouvelles à TVA la fin de semaine, et là c'était le cas: on m'avait vu aux nouvelles de midi commenter une campagne poche de Sunwing.
Tantôt mon père m'a appelé. Mon père et moi, c'est le feu et l'eau; lui croit que c'est parce que nous sommes semblables, moi je pense plutôt que c'est parce que j'ai passé ma vie adulte à ne pas vouloir lui ressembler malgré les apparences physiques qui nous trahissent. Et je suis particulièrement fier d'avoir réussi.
Peu importe les raisons qui ont mené à cette situation permanente depuis plus de 25 ans, et rassurez-vous, je n'ai jamais vécu de drame familial scabreux, mon père demeurera toujours une part d'ombre qui vient me hanter sporadiquement. Et depuis que je suis devenu père moi-même, j'ai l'épiderme encore plus sensible malgré ma façade. Mon fils porte le nom de famille de sa mère. Le lien que j'ai développé avec lui est fort, tendre et sain. Mais si j'ai volontairement évacué le nom Bédard de ce lien, mon père demeure concrètement le grand-père de mon fils.
Tantôt mon père m'a appelé, et au bout de la quatrième minute, quand il m'a demandé des nouvelles de son petit-fils, qu'il n'a vu furtivement que 3 ou 4 fois depuis sa naissance, il n'a pas été capable de dire son prénom. Il a parlé du «petit». J'ai alors réalisé que mon père avait oublié le prénom de mon fils. Et qu'à l'avenir j'oublierais, volontairement, l'existence de celui qui se dit mon père. Mon fils se prénomme Antoine.
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