La vie va très vite. Un resto français ouvre sur Rachel. Et le lendemain, paf, c'est rendu un truc de grillades coréennes. Les amitiés et les amours se font, se défont, se refont. Des jaloux vous larguent. Des opportunistes vous draguent. Les saisons passent et vous oubliez de changer vos pneus. Les modes aussi. Finies les chemises à carreaux, trop vues dans le 450. Toujours cet effort à demeurer dedans en regardant des écrans toujours plus gros. Cet album de Nirvana c'était il y a 3 ans? Non. C'était il y a 20 ans mon chum. Et toute cette énergie déployée à un rythme qui vous tue. Hier vous étiez le roi du monde, demain vous serez jeté. Sans explication. Ou peut-être avec. Mais ce ne sera pas la vérité. Rares sont ceux qui disent la vérité. Regardez-vous maintenant, en ce moment même. Où êtes-vous vraiment rendu? Qu'avez-vous vraiment accompli? Et hop, un nouvel emploi de DA dans une agence où l'on croit avoir tout compris, un enfant qui naît, non il a déjà 5 ans, re-non, il débute sa deuxième année du primaire et il lit. Mais quand a-t-il appris? Entre deux pitchs où vous avez perdu ce qu'il vous restait de décence capillaire. Oui, quand vous étiez ailleurs dans votre tête même si vous l'aimez de tout votre être. Avancer. Toujours avancer. Tenter de comprendre ce qui se passe autour de vous. Voir loin devant même si ça ne sert souvent à rien. Car vous êtes baisé et au fond vous le réalisez. Il fait 24 degrés un 7 octobre. C'est pas normal. Vous le savez en joggant le midi pour ne pas avoir l'air trop gros quand vous allez au Big in Japan le mercredi. Dans l'auto, vous écoutez des prudes nostalgiques de leurs seins fermes critiquer des Femen, pendant que les gros caves qui vous volent vos taxes municipales depuis 8 ans se représentent aux élections et vont gagner, élus par des robots qui ont droit de vote mais qui ne savent pas penser. Vos connaissances vous remâchent des idées aussi connes qu'alambiquées de Bock-Côté, entendues à la radio le matin même sur un ton maniéré. Et ils semblent se croire. Puis tous ces retweets débiles d'articles sur l'importance des réseaux sociaux à l'ère de la fragmentation des marchés qui vous rendent furax. Alors vous respirez par le nez. Vous avancez. La tête baissée. Vous doutez un peu et puis vous agissez. Vous tentez de réaliser des folies. Vous visitez youporn mais ça ne vous fait plus rien. Alors vous songez à laisser votre trace. Vous perdez de l'argent. Vous en gagnez aussi. La trace s'efface toujours un peu, alors toujours devant. Plus fort. Les yeux parfois mouillés, vous persistez là où les autres abandonnent. Sans savoir si tout ça a un sens mais en y croyant quand même un peu. Vous êtes souvent détestable. Parfois charmant. Vous avancez et vous donnez tout ce que vous avez dans le ventre. Vous ne laissez rien derrière. Rien. Pas même un souffle de trop.
Je vous laisse sur le clip de la toune de la publicité montrée en intro. La publicité de BBH London est pas mal. La toune est encore meilleure. Gesaffelstein qu'il s'appelle. Demain ce sera dépassé.
ps: Je ne me décrivais pas. Tout ça est une fiction. Un peu la nôtre.