Les individus créatifs le sont naturellement. Peu importe leur secteur d'activité, ils opèrent dans un mode unique qui remet souvent en cause les façons de faire. La créativité n'a rien à avoir avec les arts. Ni avec la publicité. La créativité, c'est imaginer, conceptualiser, trouver des solutions, bref, c'est tout sauf une image. C'est une manière d'être qui vient de l'intérieur.
Mais voyez-vous, dans notre belle société du paraître où les tendances et les courants définissent les discours d'une minorité influente, le mot «créativité» est malheureusement devenu un «buzzword». Oui, un mot qui vient positionner les marques personnelles de plusieurs individus pour qui l'apparence importe beaucoup. Ces gens organisent des événements et veulent rendre contagieuse, voire incontournable, cette créativité devenue «génératrice de valeur» pour notre collectivité. Mais au fond, si on laisse la langue de bois de côté, cette marchandisation et cette récupération du concept ne sont pas créatives: elles relèvent de vieilles recettes dignes d'évangélisateurs américains de la Bible Belt.
Vouloir «avoir l'air créatif» est aussi stupide que vouloir avoir l'air intelligent: ça ne peut que laisser transparaître une quête puérile de validation par l'image. Être soi-même et convertir sa créativité dans le réel ne sont pas des notions qu'on provoque dans une conférence bidon ou qu'on célèbre dans un gala de frimeurs. Ça demande plus qu'un look. Et ça ne s'enseigne pas vraiment.
La créativité ne s'achète pas dans une friperie du Mile End. La créativité n'est pas sexy: elle réinvente plutôt le monde un grain de sable à la fois.