Quand on dirige la création dans une agence et qu'on s'implique activement dans le processus, il devient difficile de ne pas s'attribuer le succès d'un concept accueilli de manière dithyrambique ou encore de ne pas prendre ça personnel quand notre idée fait patate. La publicité demeurant un véhicule de référence hautement culturel et souvent très personnel pour les créatifs - qui ne s'est pas déjà basé sur son vécu ou sur des situations entendues de proches comme bougie d'allumage d'une publicité - d'établir un lien de causalité entre la performance d'une publicité et l'espace mental où a germé, que ce soit partiellement ou en totalité, son essence, demeure un réflexe entièrement naturel. Mais c'est un piège.
Générer des idées représente une forme de gymnastique. Parfois c'est en équipe, parfois c'est seul, mais ça reste de la gymnastique, de la mécanique: c'est un processus, pas une fin. Un concept ne sera jamais plus que le fruit de ce processus. De jouir ou de souffrir d'une osmose entre notre estime de soi et le sort d'un concept ne peut qu'engendrer narcissisme ou douleur inutile.
Quand on tripe sur votre concept ou sur celui de votre équipe, restez humble, respirez doucement et prenez du recul. Et si on le rabroue, ne soyez pas triste et retroussez vos manches, car une occasion de faire mieux s'offre à vous. En bout de ligne, vous ne désirez pas être une vedette rock, mais bien un créatif solide. Or, pour y arriver, vous devez maîtriser la gymnastique, mais plus encore, respecter le processus, y prendre plaisir et vous reculez au profit du projet. Je le répète : vous n'êtes pas vos idées.
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