Le marketing de la musique est en constante évolution. Différents modèles de commercialisation ont été testés ces dernières années et une tangente semble émerger: les revenus liés directement aux albums ne reviendront jamais aux niveaux de jadis. Plusieurs ont traité de ce sujet, notamment Guillaume Déziel, une référence qui a exploré différentes avenues dans le cadre de la mise en marché du groupe Misteur Valaire et qui prône la gratuité des albums. Mais comme cet écosystème est vaste qu'il existe encore de grands labels qui persistent à vendre des albums pour des super vedettes en moussant leurs fruits aseptisés par des campagnes tout aussi insipides sur le plan stratégique, aucun consensus ne fait l'unanimité, si ce n'est que la baisse du prix des albums, attribuable à la fraude et au mode de distribution des plateformes Web dont celle du iTunes Store, semble irréversible. Et c'est pas rien. Je payais mes albums près de 20$ plus les taxes en 1997. Maintenant, je ne débourse rarement plus de 10 $. La moitié.
Mais comme le prophétique Chris Anderson le décrivait il y a plusieurs années, la multiplication de l'offre a décuplé ma consommation de musique et mes achats, tout comme le plaisir que je ressens à écouter de la musique qui me rejoint vraiment. En bref, ma musique me coûte moins cher et j'en achète plus, d'artistes moins connus, qui me propulsent encore plus profondément dans des zones totalement inaccessibles auparavant, car aucun HMV de ce monde n'avait de superficie suffisante pour m'offrir ne serait-ce que le dixième de ce à quoi j'ai accès en ligne présentement. Un exemple? Jamais je n'aurais pu acheté l'album du jeune «beat maker» australien Flume dans mon ancienne vie.
Et là, dans ce contexte de fragmentation de l'offre, les robots de Daft Punk arrivent avec leurs gros sabots, propulsés par Columbia, et me servent des accroches relatives à leur prochain album avec une parcimonie qui relève d'un algorithme mystérieux. De petits films qui démontrent l'implications de collaborateurs hallucinants comme Giorgio Moroder (le gars derrière le fameux «I Feel Love» de Donna Summer) ou encore Nile Rodgers (David Bowie, Duran Duran, Madonna, Chic), à de courts extraits du premier simple (dont un clip diffusé lors du festival Coachella), en passant par une confusion savamment entretenue quant à la date de sortie de l'album (entre temps confirmée pour le 21 mai): tout est parfaitement mis en branle pour secouer la blogosphère, la twittosphère, voire même l'atmosphère. Toujours la même séquence musicale. De la fréquence. Et ça marche. Et j'adore. J'ai même été exposé à une publicité télé de 60 secondes à la suite de la défaite des Canadiens contre les Penguins mardi. Des médias de masse à youtube, l'entonnoir est exploité à fond pour engranger des résultats.
Le simple «Get Lucky» a été lancé sur les plateformes commerciales à minuit ce vendredi et jamais je n'ai autant lu, vu et entendu parler d'une toune au même moment. La preuve que tout peut être recyclé et amélioré, même les plus vieilles techniques de vente et l'utilisation des médias de masse. Notre univers du marketing est en mutation et à un défi donné, des centaines de possibilités sont réellement envisageables. Il ne s'agit plus de trouver LA bonne stratégie, mais bien d'évacuer celles qui n'ont aucun potentiel pour ensuite identifier le mix le mieux adapté au contexte et à l'identité de la marque. Et ça, ça relève de l'alchimie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire