À ce moment précis de l'histoire du Québec où nous devenons assez soudainement conscients du niveau de corruption qui sévit partout dans nos organisation publiques, un effet aussi agréable qu'une douche d'eau froide. À ce moment précis où nous constatons de manière concrète, dans des reportages clairs, la culture du trafic d'influence et le rôle primordial que joue l'argent sale ou d'autres bénéfices plus subtils dans l'octroi de contrats gouvernementaux majeurs. À ce moment précis où la confiance en nos institutions n'a jamais été aussi basse, flirtant avec les caniveaux, jamais il n'aura été aussi important pour les marques d'affirmer leurs valeurs d'honnêteté, de transparence et de respect de nos écosystèmes sociaux et environnementaux. Affirmer, souligner, par la publicité, par la communication, mais aussi par des gestes concrets et par des engagements qui transcendent l'intérêt financier à court terme. Parce qu'à cette époque de l'éphémère, une bonne stratégie pour prospérer doit reposer tout simplement sur une volonté de durer, en s'imprégnant positivement dans l'esprit des consommateurs, de la population.
Ce film publicitaire d'Amnistie internationale, une réalisation crue et terriblement perturbante de TBWA Paris, communique sans nous ménager l'impact de la corruption pour démontrer l'importance de l'indépendance financière de cette organisation dans ses luttes. La transposition de l'argent, véhiculée tout au long du message, aurait pu être plus subtile, mais il n'en demeure pas moins qu'une vérité émerge: les valeurs d'Amnistie sont placées au bon endroit, droit au coeur.
L'histoire nous fera probablement réaliser trop tard à quel point nous respirons dans une période charnière, en ce sens qu'elle oppose comme rarement dans un passé récent deux champs de valeurs complètement opposés. Je crois vivement que les marques peuvent se positionner avantageusement dans ce chaos, car au-delà des impératifs de gestion et des ferveurs idéologiques, elle embauchent des gens, elles oeuvrent pour des gens et leur avenir résultera de leur capacité à discerner les bénéfices réels des gains superflus obtenus à n'importe quel prix. C'est ce que j'appelle l'humanisme pragmatique.