Une bonne publicité ne fonctionnera jamais efficacement avec tous, mais résonnera fortement dans le coeur de la cible primaire.
Mon Tout-petit me demandait récemment comment était la garderie quand j'étais enfant. Je n'ai jamais connu la garderie. Ma garderie à moi s'appelait Pauline. Elle était ma grand-mère maternelle. Elle a bien pris soin de mon frère et moi pendant que nos parents travaillaient. C'était la réalité de bien des familles en 1976.
Pauline lisait beaucoup, faisait constamment des mots croisés et avait une vie intellectuelle très allumée. Elle véhiculait ses idées propres, souvent à contre-courant de celles de mon grand-père. C'était une femme fière, elle avait du nerf malgré ses 5 pieds 2 pouces, sa personnalité était unique, je n'ai jamais rencontré personne comme elle.
Plus tard, quand j'étudiais au secondaire, notre petit rituel quotidien consistait à jouer quelques parties de Scrabble lorsque je revenais du collège. J'ai toujours aimé gagner et j'étais comme ça à l'époque. Elle était comme moi. Ces duels épiques entre deux «mots qui comptent double», nos consultations essentielles des pages de notre Larousse usé et froissé, ces instants représentent parmi les plus beaux moments de ma vie. La preuve, c'est qu'ils rejaillissent souvent de ma mémoire comme des pierres de la fondation de ce que devinrent les mots dans ma conception du monde.
Et là, devenu ado, je gagnais de plus en plus fréquemment nos matchs. Surtout pas parce que j'étais meilleur: Pauline perdait irrémédiablement ses facultés, insidieusement attaquée par cette merde d'Alzheimer. Je vous épargne la suite car je désire demeurer fixé sur ces beaux moments.
Vous comprendrez donc facilement pourquoi j'ai été touché, bien malgré moi, par cette publicité de l'agence Rethink Vancouver montrée en intro. Elle est simple. La musique vibrante. Mais sa plus belle qualité est d'établir un lien entre les émotions reliées aux souvenirs et la froideur médicale du tomodensitomètre, élément clé du monitoring de la maladie, donc du bénéfice de donner. J'aimerais un jour créer avec mon équipe une publicité pour soutenir la prévention de ce fléau aussi cruel pour les victimes que pour leurs proches.
Enfin, notre mémoire peut bien nous fuir, mais la maladie ne gagne pas sur tous les fronts: les souvenirs de ceux qui nous aiment nous survivront. En ce sens, nous sommes tous un peu éternels. Merci Pauline, je ne t'oublierai pas.