On ne peut prédire le succès. Certains prétendent le faire à l'aide de recettes mais je n'y crois pas. Ce succès succédané ne dure pas. Le vrai succès, autant en affaires qu'ailleurs, semble une notion tellement fragile qu'en disséquer les facteurs clés s'avère un exercice aussi futile qu'inutile. La réponse du pourquoi réside selon moi dans sa définition même. La mienne peut paraître simple: le succès, tel qu'on le connait, repose sur l'intérêt marqué et durable d'une certaine masse envers un individu ou une organisation. Or, pour aspirer au succès, plusieurs se concentrent à donner au «client» ce qu'ils présument que ce dernier désire. C'est là que ça se gâche, car aucune prétention n'est plus stupide que celle de savoir ce que les autres désirent. Vous savez pourquoi? Parce que personne ne sait vraiment ce qu'il désire. C'est le paradoxe de l'oeuf et de la poule: comment désirer ce que nous ne connaissons pas encore?
Ma réponse à tout ça? Le rock 'n' roll. Oui. Cette énergie brute. Cette ferveur authentique, organique. Cette authenticité irrésistible. Faites ce que vous voulez, tant que vous y croyez, mais faites-le avec l'énergie du désespoir, donnez tout ce que vous avez dans le ventre, ne ménagez pas la sueur, ne soyez pas avares de votre temps, laissez votre passion se disséminer comme un virus. En publicité, c'est la seule manière de vendre un concept innovant. Aucun argumentaire de vente n'égalera l'énergie brute que vous allez déployer en «pitch». L'être humain ne demande qu'à croire. Il croit ce qui lui apparaît comme vrai. L'innovation froide et désincarnée ne vend pas. Le succès carbure à la chaleur, au rêve intérieur que trop d'entre nous laissons s'atrophier avec les années.
Prenons le cas des Black Keys. J'étais à leur show hier soir au Centre Bell à l'invitation de mon pote Normand. Il y a dix ans, à l'ère de la pop formatée, qui aurait pu prédire, lors de leurs premiers balbutiements, le succès d'un duo guitare et batterie de gars pas super beaux, barbus de surcroît, originaires d'Akron en Ohio? Mais Dan Auerbach et Patrick Carney se sont lancés avec une ferveur et un abandon peu communs. Et ils ont gagné leur pari. Pas en donnant à la «clientèle» ce qu'elle attendait, mais plutôt en s'investissant avec passion dans ce qui leur plaisait le plus: de la musique rock mélodique teintée de blues. Nous étions 11 000 hier soir. Ils comptent près de deux millions d'albums vendus à une époque où il n'a jamais été plus ardu de vendre un album. Un véritable succès rock 'n' roll.
Quand nous arriverons, nous y arriverons tous, à la fin de notre passage sur terre, qui à preuve du contraire est unique, lesquels d'entre nous jouiront du sentiment du devoir accompli? Ceux qui auront tout fait pour plaire ou ceux qui auront mené à bien leurs passions avec entêtement? C'est ça. Le vrai succès passe avant tout par se plaire à soi-même, en s'appropriant le pouvoir que nous avons tous d'agir. C'est son origine. C'est ça le rock 'n' roll.
La dernière tournée de Godspeed pourrais être prie aussi en exemple de truc fascinent d'anti marketing.
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