dimanche 4 mars 2012

L'avantage concurrentiel


Est-ce que l'écriture est réellement valorisée dans notre belle société du savoir? Je n'en suis pas certain. D'un autre côté, jamais l'écriture n'aura été aussi présente dans nos vies, et là je parle pour ma génération, que depuis l'émergence des médias sociaux. Les opportunités de valoriser sa «marque personnelle» par la rédaction sont infinies. Écrire n'est pas seulement qu'un moyen de communiquer et de structurer adéquatement le fruit de sa pensée, c'est aussi et surtout un signal en soi. Celui du respect des conventions, de l'unicité et de la rigueur intellectuelle. C'est finalement une excellente façon d'entrer en relation. Or, pour se faire, la nuance qui découle de l'utilisation judicieuse de la langue devient un atout indéniable. Combien de fois avez-vous présumé, à tort, des intentions d'une personne, seulement à partir des écrits approximatifs que vous retrouviez dans ses courriels? 

En publicité, écrire fait partie intégrante du quotidien de la plupart des postes en agence. Les créatifs écrivent. Les stratèges écrivent. Les gestionnaires de projet écrivent tout le temps. Le président écrit tout autant. Personne n'y échappe. Les candidats les plus prisés, au-delà de l'aura dégagée, des forces ou des réussites passées, sont ceux dont la qualité de la rédaction est irréprochable, car cette qualité ne ment tout simplement pas. L'identité d'une agence de publicité, c'est réellement plus que la frime dégagée par un «reel» hors norme ou l'attitude déjantée de quelques créatifs avec des abat-jour sur la tête lors des galas annuels. La relation quotidienne de l'agence avec ses clients tient beaucoup à la qualité des communications écrites. Le développement des affaires dépend énormément de la concision, de la clarté, tout comme de l'énergie brute dégagée par des présentations ficelées au quart de tour. Ces présentations sont basées sur des mots. Les fautes récurrentes se révèlent comme un synonyme implacable de l'incompétence dans cet univers de perception.

Je me suis récemment entretenu avec des étudiants du Cégep de Lanaudière, le thème de la rencontre étant le rôle du publicitaire et de la publicité. Je n'ai pas loupé cette superbe occasion de mettre l'accent sur l'importance de l'écriture, que ce soit dans mon secteur d'activité ou ailleurs. Savoir écrire demeure probablement l'avantage concurrentiel le plus accessible à qui désire s'en prévaloir. Lisez, écrivez, faites des erreurs et améliorez-vous. L'écriture est un parcours, celui d'une vie. C'est aussi, malheureusement, la magie qui se perd au profit de la compulsion désordonnée de communiquer, aux confins des raccourcis que l'on retrouve dans les clavardages trop souvent frivoles d'une époque superficielle…

4 commentaires:

  1. Je suis tout à fait d'accord avec cette réflexion. Et à ma grande surprise, depuis quelques années, je me suis rendue compte que, non, ce n'est pas tout le monde qui sait écrire. Pas seulement aligner des lettres pour faire des mots, mais combiner les mots pour dire quelque chose, créer des images, exprimer une idée, se faire comprendre, se laisser lire... Non, ce n'est pas tout le monde qui sait faire ça.

    Belle réflexion, encore une fois!

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  2. Ma génération vit présentement un problème: elle ne sait pas écrire. Les résultats désastreux du test SEL-B pour les étudiants en éducation ou ceux du TFLM en communication démontrent que les cohortes qui débarquent présentement sur le marché du travail ont beaucoup de difficulté à s'exprimer par écrit dans un français impeccable. D'ailleurs, à l'Université, j'ai été témoin de rapports d'une quarantaine de pages contenant bien au-delà de 100 fautes d'orthographe. Évidemment, on ne compte pas ici les erreurs syntaxiques.

    Une lecture rapide des communiqués diffusés sur CNW appuie mes propos. Certains communiqués sont tout simplement honteux. Un professionnel de la communication, ou de tout autre domaine d'ailleurs, devrait savoir s'exprimer dans sa langue.

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  3. Une image vaut mille mots... Une vidéo en vaut des milliers.

    Je suis tout à fait d'accord avec toi Mathieu. Pourtant, j'ai l'impression qu'à l'ère des médias sociaux, on délaisse l'écriture pour des contenus numériques où la plume n'est plus un outil nécessaire. D'ailleurs, la plupart des exemples que tu traites sur ton blogue sont des vidéos.

    Jean-Michel, je t'invite à lire les textes de tes parents ou de certains de tes ainés. Tu pourras te rendre compte que l'apprentissage de l'écriture a tout simplement évolué, mais que le niveau est resté le même...

    Avant, on parlait d'illettrisme. Désormais, on parle de fautes d'écriture. C'est peut-être du pareil au même.

    :)

    Thomas

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  4. Thomas, dans notre travail de publicitaire au jour le jour, les idées et les stratégies sont transmises pas l'écriture. La gestion quotidienne des projets, par courriel, implique une écriture claire. Les gens clavardent en utilisant l'écriture et rédigent des tweet ou des statuts Facebook qui, oui, nous redirigent souvent vers des images, mais par les mots en amont. Jamais l'écriture n'aura été aussi importante qu'aujourd'hui à mon avis.

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