Quand le prix du pétrole Brent, celui qu'on utilise pour nos autos, oscille, c'est rarement à notre avantage à la pompe. On a toujours une bonne explication. Un exemple? Son prix a chuté de près de 115$ à moins de 100$ le baril en septembre, tandis que le prix à la pompe, lui, est demeuré pratiquement intact. Mais quand le prix du baril augmente, alors là, pas de temps d'attente, on le gonfle illico à la pompe le mercredi ou le jeudi matin. Les pétrolières sont passées maîtres dans l'art d'étirer l'élastique de la patience du consommateur et de manipuler nos perceptions. Mais bon, soyons bon joueur, c'est aussi notre responsabilité d'acheter moins d'essence et de manipuler à notre tour la loi de l'offre et de la demande en notre faveur, si c'est possible.
J'ai payé 1,40$ le litre à la pompe hier pour de l'essence «Suprême». J'accepte sciemment de payer ce prix à une entreprise décriée depuis des lustres pour ses pratiques d'affaires et récemment impliquée dans différents cartels car je n'ai pas vraiment le choix. Le secteur en entier joue le même jeu et gère ses crises avec une virtuosité étonnante, grâce à nos amis relationnistes. J'accepte cette situation car je sais que pour moi, l'essence demeure un luxe que j'assume, car je suis privilégié. Plusieurs n'ont cependant pas cette chance et se font extirper à toutes les semaines des sommes éhontées qui grèvent le budget de la famille. Mais là où ça ne passe pas, absolument pas, c'est quand on me «fourre» en me prenant pour une valise. La poignée qu'on veut m'installer dans le dos, quand on m'informe qu'un sous le litre sera donné à la cause du cancer du sein, relève d'une arrogance innommable. Je SAIS qu'on me baise à 1,40$ du litre, alors de se faire du capital de sympathie sur mon dos, de véhiculer de la publicité en lieu de vente présentant le tout comme une promotion intéressante, équivaut tout simplement à redistribuer de l'argent extorqué pour tenter de se refaire une petite virginité. Du branding de deux de pique.
Certaines sociétés sont tellement pourries qu'elle réussissent parfois à nous arnaquer en nous donnant l'impression que l'on fait une bonne action. L'utilisation des causes sociales devient alors un levier vulgaire et complètement dénaturé. Un peu comme un mafioso qui distribue allègrement des cadeaux à la messe du dimanche.