L'agence parisienne Melville a donc lancé hier une campagne d'affichage pour son client, le portail de rencontres extra-conjugales Gleeden. Une campagne fondée essentiellement sur des énoncés décalés et assez humoristiques en lien avec la nature du service offert. Est-ce que le portail en question est légitime? Absolument. Est-ce que la campagne est efficace? Oui. Très. Car en affirmant haut et fort, sans se prendre la tête, qu'il est possible de vouloir «tromper», on dédramatise de manière fort habile un concept qui relève du tabou. Mais bon, faut pas oublier le marché cible primaire, la France, qui dicte aussi d'une certaine façon le degré d'ouverture possible. Car cette campagne, ici au Québec, relèverait de l'utopie. J'entends déjà les animateurs à cinq sous d'émissions d'affaires publiques tout comme plusieurs groupes de pression en appeler à la censure par des raccourcis démagogiques.
N'empêche qu'un peu de lucidité, même si ça peut parfois choquer certaines âmes sensibles, ouvre parfois la porte au progrès. Est-ce que tromper son conjoint en toute quiétude dénote une certaine forme de progrès? Absolument pas. Mais être socialement apte à admettre la réalité et à accepter qu'un organisme puisse répondre à un besoin bien tangible, c'est déjà mieux que de jouer à l'autruche. Nos cousins y sont peut-être, c'est à voir, mais une chose est sûre, ici au Québec, nous avons encore tout un chemin à parcourir pour collectivement s'extirper d'un passif judéo-chrétien qui freine trop souvent notre progrès social.