J'ai parlé à quelques reprises sur ce blogue d'écoblanchiment. Je déteste le principe même d'écoblanchiment. Ça me donne des boutons. Ça représente tout ce qui m'horripile des entreprises autistes au point de se croire elles-mêmes lorsqu'elles font dans l'enflure verbale, mais pire encore, qui croient qu'on achète leur boulechite sans réfléchir. C'est en soi une représentation totalement désinhibée du capitalisme sauvage, sans âme, sans responsabilité ni éthique.
J'ai récemment encensé Coca-Cola pour certaines publicités, mais là, ça ne va pas du tout. La publicité montrée en introduction est réellement très insidieuse. Elle trahit une volonté vulgaire et malhabile de la multinationale de se faire une petite virginité quand dans les faits, elle contribue à l'obésité, au diabète et à nombres de pathologies, tant chez les enfants que chez les adultes. Je ne dis pas que Coke devrait disparaître, ça non, je crois au libre choix. Mais pourrait-on cesser de nous prendre pour des touristes ayant bu 12 Cuba libre à Santa-Banana?
Premièrement, l'utilisation du garçon et de sa voix, avec en filigrane sa relation avec son père, est psychologiquement manipulatrice à un niveau relativement puissant. Ensuite, les différents énoncés communiqués graduellement maquillent la réalité avec une naïveté et une facilité déconcertantes. Primo, quand ils disent «livrer» des déjeuners, c'est faux: ils ont donné du jus. Deuxièmement, quand on avance que des bouteilles seront partiellement produites à partir de plantes en 2011, on parle au futur simple. Or, ce n'est qu'une promesse en l'air qui camoufle les effets environnementaux de l'embouteillage, de la distribution et de la vente au détail d'eau embouteillée issue des réseaux d'aqueduc municipaux. Ça évacue le carburant brûlé pour y arriver à tous les niveaux. Et quand, à la toute fin, on se targue de soutenir WWF-Canada dans ses efforts de préservation de l'eau, c'est vraiment ajouter l'insulte à l'injure. Suis-je le seul à déceler une dichotomie malhonnête? On exploite une ressource de manière éhontée pour ensuite encourager sa préservation. Et pour boucler la boucle, la sempiternelle ritournelle de l'enfant fier de son papa qui livre du bonheur. Vraiment? Dans ce gros camion qui pue le diesel?
Tout ça pour dire que je ne suis pas contre la libre entreprise, mais bien en faveur que celles qui contribuent à certaines tares se gardent une petite gêne quand elle font de la publicité. Est-ce trop demander? Car tout ce que je vois ici, c'est un monstre rouge qui se donne des airs d'ange immaculé, et ça, je ne le bois pas.
Vous pouvez voir la déclinaison québécoise et toute aussi racoleuse ici.