Embaucher un entraîneur unilingue anglophone pour diriger les Canadiens, si ça les fait gagner, ne devrait jamais être un problème. Laisser des hauts dirigeants unilingues anglophones évoluer à la tête de nos institutions publiques et bancaires, si ça maximise le rendement, pourquoi pas? Se faire répondre dans une autre langue que la sienne, dans sa ville, si ça donne accès à un rabais unique, ou encore à un «check-in» foursquare dans un endroit branché, c'est pas dramatique, et en plus ça me fait pratiquer ma langue seconde. Nommer son enfant Noah, même si ça veut dire Noé dans la langue de Shakespeare, ou bien Jimmy, ou encore Mike, c'est notre liberté, notre choix, pourquoi se faire des boutons avec ça? Qui plus est, ce sont de beaux prénoms à la mode qui, en prime, ouvriront éventuellement les portes du marché américain, voire même du monde, à nos héritiers. Nous serions stupides de nous en priver. Pourquoi laisser des questions de principes dépassés nous empêcher d'arriver à nos fins. N'avons-nous pas le droit de réussir comme n'importe qui? Les questions de langues, c'est pour les intellectuels et les nationalistes qui cherchent le trouble.
La fin qui justifie les moyens, est-ce réellement le leitmotiv de ma génération? Pas à peu près. Et de celle qui suit aussi. Pour l'autre après, pas encore sûr, peut-être bien. Certains balanciers prennent du temps à revenir dans le bon sens.
Quand nous aurons tous nos BMW stationnées dans le garage double de notre grosse maison décorée par Manon Leblanc, un verre Riedel de grand Pomerol à la main, de retour de notre voyage en Polynésie, aurons-nous vraiment du plaisir à le déguster? Ou est-ce que notre plaisir aura un sens? Qu'allons-nous voir dans le miroir de cette réussite? Rien. Nous ne verrons rien car il n'y aura rien à voir d'autre qu'une accumulation stratégique de gestes qui ont mené à la richesse. Des gestes sans valeurs, sans racines.
La langue est le fondement de notre identité individuelle et collective, pas une limitation, mais une base, reliée entre autres à des concepts comme l'estime de soi, le respect et l'intégrité. De la voir bafouée quotidiennement m'attriste profondément. Je ne suis contre personne, contre aucune minorité et ne le deviendrai jamais. Je suis simplement pour qu'on soit quelque chose, à nos yeux et aux yeux de la planète. La réussite à notre époque globalisée, c'est un paradoxe, passe par l'intégrité, pas l'intégrisme, l'intégrité. L'assimilation, c'est de voir des gens sains d'esprit ne ressentir aucune fierté à vivre en français au Québec en 2011. Pire encore, d'en avoir honte. Car il ne faudra jamais oublier qu'on ne recevra toujours des autres qu'un reflet impitoyablement fidèle de ce que l'on projette.
Votre paragraphe en italique m'a donné froid dans le dos.
RépondreSupprimerLa pire chose qui peut arriver à une nation, c'est de voir son individualité disparaître.
RépondreSupprimerPréserver une langue n'a rien à voir avec les intellectuels. La langue, c'est l'âme d'un peuple.
Ça serait pourrie comme chanson "The Little Happiness" par Felix TheClear. Ou bien "Sisters-in-Law" de Mike Tremblay. Ça sonnerait comment les monologues d'Yvon Deschamps en anglais? The Good Boss?... Ou bien la prose de Dany Laferrière en Shakespeare? Pas certain que ça sonne aussi bien "Comment faire l'amour à un nègre sans se fatiguer" en version US. Anyway, ce livre n'aurait même pas été publié avec un titre comme ça.
De la langue naît une vision unique. Une interprétation de la vie complètement différente. La même phrase ne veut pas dire la même chose dans une langue ou une autre.
S'adapter au monde qui nous entoure n'implique pas de s'y soumettre.
Bref, cette notion de "je suis un citoyen du monde moi. Les langues, ce n'Est qu'une barrière à la communication" me fout carrément en sacr*ment. Ouais, je blasphème! Juste pour appuyer que je n'ai rien d'un intellectuel. :P