dimanche 23 octobre 2011

Ultramarde




Quand le prix du pétrole Brent, celui qu'on utilise pour nos autos, oscille, c'est rarement à notre avantage à la pompe. On a toujours une bonne explication. Un exemple? Son prix a chuté de près de 115$  à moins de 100$ le baril en septembre, tandis que le prix à la pompe, lui, est demeuré pratiquement intact. Mais quand le prix du baril augmente, alors là, pas de temps d'attente, on le gonfle illico à la pompe le mercredi ou le jeudi matin. Les pétrolières sont passées maîtres dans l'art d'étirer l'élastique de la patience du consommateur et de manipuler nos perceptions. Mais bon, soyons bon joueur, c'est aussi notre responsabilité d'acheter moins d'essence et de manipuler à notre tour la loi de l'offre et de la demande en notre faveur, si c'est possible.

J'ai payé 1,40$ le litre à la pompe hier pour de l'essence «Suprême». J'accepte sciemment de payer ce prix à une entreprise décriée depuis des lustres pour ses pratiques d'affaires et récemment impliquée dans différents cartels car je n'ai pas vraiment le choix. Le secteur en entier joue le même jeu et gère ses crises avec une virtuosité étonnante, grâce à nos amis relationnistes. J'accepte cette situation car je sais que pour moi, l'essence demeure un luxe que j'assume, car je suis privilégié. Plusieurs n'ont cependant pas cette chance et se font extirper à toutes les semaines des sommes éhontées qui grèvent le budget de la famille.  Mais là où ça ne passe pas, absolument pas, c'est quand on me «fourre» en me prenant pour une valise. La poignée qu'on veut m'installer dans le dos, quand on m'informe qu'un sous le litre sera donné à la cause du cancer du sein, relève d'une arrogance innommable. Je SAIS qu'on me baise à 1,40$ du litre, alors de se faire du capital de sympathie sur mon dos, de véhiculer de la publicité en lieu de vente présentant le tout comme une promotion intéressante, équivaut tout simplement à redistribuer de l'argent extorqué pour tenter de se refaire une petite virginité. Du branding de deux de pique.

Certaines sociétés sont tellement pourries qu'elle réussissent parfois à nous arnaquer en nous donnant l'impression que l'on fait une bonne action. L'utilisation des causes sociales devient alors un levier vulgaire et complètement dénaturé. Un peu comme un mafioso qui distribue allègrement des cadeaux à la messe du dimanche. 

3 commentaires:

  1. Moi aussi je vis un certain malaise avec cette campagne...

    Mais de ce que je peux voir, ce sont surtout ceux qui connaissent la pub et le marketing qui sont outrés de celle-ci...

    Les gens que j'ai autour la trouve sympathique et même, certain font un détour pour aller prendre le Super chez cette bannière.

    Pourrait-on dire, tristement, que cette campagne... fonctionne?

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  2. Plutôt d'accord avec ton point de vue sur les entreprises qui tentent une "diversion" en mettant de l'avant une "bonne cause". Il y a un principe dans la marketing par cause (car c'est ce dont il est question...) qui veut que l'exercice engendre un bénéfice mutuel pour chaque partie au profit de la collectivité. Ici, chaque partie à son bénéfice (les $ pour l'une; le capital de sympathie pour l'autre) mais je suis loin de croire que c'est mutuel et que la collectivité en sort améliorée.

    Par ailleurs, tu me permettras un petit bémol sur ton "appréciation" de la contribution des relationnistes auprès des pétrolières. C'est un peu court comme jugement; il y aussi des publicitaires qui sont du côté des "méchants" tout comme il y des relationnistes du côté des "bons"...

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  3. Merci Jordan et Jean pour vos commentaires. Jean, je suis d'accord avec toi sur l'importance du «win-win», mais entendons-nous sur une chose, quand les prix semblent manipulés, l'équation ne tient plus. En ce qui a trait au rôle des relationnistes, c'est bien évident qu'ils ne sont pas tous du mauvais côté, et je n'ai jamais voulu dire ça. D'un autre bord, faut admettre que sans eux, certaines pétrolières n'auraient jamais pu s'en sortir aussi facilement qu'elles ne l'ont fait. C'est tout à l'honneur des stratèges en RP, qui, c'est aussi une évidence, sont plus souvent appelés à travailler dans la gestion de crises que sur des mers calmes. Ce n'était donc pas un jugement de valeur, mais plutôt un signe d'admiration de ma part ;)

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