Le concept marketing de positionnement est réellement névralgique et à la base de toute génération constante de la demande. Être «positionné» implique de faire des choix, de bien cibler les segments de clientèles et, surtout, d'avancer des avantages concurrentiels uniques qui combleront ces clients dont les profils seront polarisés autour de votre marque et de ses attributs. En clair, un bon positionnement vous rend à la fois pertinent et séduisant. C'est l'électrochoc premier qui stimule la loi de l'offre et de la demande en faveur de votre entreprise.
Prenons le cas de l'Hôtel Québec, un établissement de la Vieille Capitale qui s'est résolument tourné vers les familles en construisant de toutes pièces un univers qui semble leur plaire énormément. Dès l'entrée, dans le lobby, il y a un lapin et un perroquet au comptoir. Tout comme des jeux d'arcade. On vous oblige à porter un bracelet de couleur comme le font les «tout-inclus» dans le Sud, bracelet qui vous donne accès, entre autres, à une piscine située dans un oasis kitch où des chutes et des rochers artificiels côtoient une scène sur laquelle chantait avec entrain des airs latins et country, lors de notre passage, une sorte de Rosita Salvador accompagnée d'un multi-instrumentiste digne de performer un jeudi soir au restaurant de Tony Massarelli. La prestation terminée, on demeure dans la subtilité en faisant jouer du Metallica à des niveaux sonores complètement débiles. Évidemment, on offre aux enfants des boissons sucrées et les distributrices de bonbons sont bien en évidence, tout comme des jeux d'eau, des glissades et des manèges gonflés à l'extérieur. Tout pour que jamais, au grand jamais, votre cerveau ou celui de votre enfant ne s'ennuie ne serait-ce qu'une seconde. Car divertir en 2011, c'est habiller l'espace-temps à chaque milliseconde. Nous avons collectivement peur du vide, l'imaginaire n'est plus stimulé mais gavé. C'est d'un triste ennui.
Cet hôtel, membre des Hôtels Jaro, semble rouler à plein régime. Nous y sommes allés pour faire plaisir à Tout-petit, qui adore se baigner. Et il n'a pas vraiment aimé. Voyez-vous, il déteste les friandises et tout ce qui est sucré artificiellement, et ce n'est pas parce que nous l'avons privé, c'est comme ça. Il n'aime pas le bruit excessif. Il préfère jouer avec ses figurines aux bousculades dans les manèges. Vous direz qu'il ne représente pas un échantillon fiable, mais il existe. Et il n'est pas seul.
Tout ça pour vous exprimer un questionnement qui m'anime depuis quelques temps. Sachant que le marketing n'a pas d'âme, est-ce éthique de prôner un positionnement payant mais qui, d'un autre côté, opère une négation complète de notre réalité culturelle pour se vautrer dans une version à la fois aseptisée, vernie et sucrée d'un certain idéal étatsunien complètement dépassé? Est-ce que de donner aux gens ce qu'ils veulent est en soi une vertu ou de la paresse si ça veut dire de tomber dans la médiocrité? Est-ce que nos enfants méritent qu'on leur offre quelque chose comme un divertissement qui respecte leur corps, qui stimule leur esprit et qui les amène ailleurs? Méritent-ils mieux? Me semble que oui. Mais tant que les parents préféreront les abandonner devant la télé à leurs consoles de jeux vidéo, tant qu'on laissera les jeunes décider sans trop s'en mêler, j'imagine que les Hôtels Québec de ce monde crouleront sous le poids de leurs profits… Mais ils n'auront véritablement enrichi personne.
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