mardi 5 juillet 2011

L'adultère

Demeurer fidèle, en 2011, c'est exactement la même chose que ce que ça pouvait être en 1822. Ça veut dire de respecter ce qui est entendu. La fidélité se juge par les actions et non les intentions. Les ayatollahs de la fidélité aimeraient pénétrer notre cerveau pour en dénicher des idées sombres, mais la réalité est toute autre, et ils n'y peuvent rien. En 2011, la notion de fidélité est la même qu'en 1822, mais les moyens mis à notre disposition pour «flirter» avec les zones grises, voire carrément l'adultère, sont plus nombreux que jamais. La vie va très très vite. Le stress, je n'invente rien, a changé la donne chez de nombreux individus qui ne savent pas gérer le leur et qui, par compensation, se placent souvent dans des situations précaires. Les médias sociaux jouent aussi un rôle. Et à travers tout ça, la psycho pop apporte avec certains concepts «clés en main» tous les prétextes requis pour éviter de tomber dans la trappe de la culpabilité, l'énoncé libérateur classique demeurant le principe de «fidélité envers soi-même», même si ça implique de trahir les autres. Soyons clair, je ne voudrais jamais vous faire la morale, je suis tout sauf parfait, mais je préfère les gens qui s'assument, oui parfois avec leurs tares, à ceux qui se donnent des raisons. C'est pourquoi je trouve la campagne montrée en introduction plutôt sympathique.

L'agence parisienne Melville a donc lancé hier une campagne d'affichage pour son client, le portail de rencontres extra-conjugales Gleeden. Une campagne fondée essentiellement sur des énoncés décalés et assez humoristiques en lien avec la nature du service offert. Est-ce que le portail en question est légitime? Absolument. Est-ce que la campagne est efficace? Oui. Très. Car en affirmant haut et fort, sans se prendre la tête, qu'il est possible de vouloir «tromper», on dédramatise de manière fort habile un concept qui relève du tabou. Mais bon, faut pas oublier le marché cible primaire, la France, qui dicte aussi d'une certaine façon le degré d'ouverture possible. Car cette campagne, ici au Québec, relèverait de l'utopie. J'entends déjà les animateurs à cinq sous d'émissions d'affaires publiques tout comme plusieurs groupes de pression en appeler à la censure par des raccourcis démagogiques.

N'empêche qu'un peu de lucidité, même si ça peut parfois choquer certaines âmes sensibles, ouvre parfois la porte au progrès. Est-ce que tromper son conjoint en toute quiétude dénote une certaine forme de progrès? Absolument pas. Mais être socialement apte à admettre la réalité et à accepter qu'un organisme puisse répondre à un besoin bien tangible, c'est déjà mieux que de jouer à l'autruche. Nos cousins y sont peut-être, c'est à voir, mais une chose est sûre, ici au Québec, nous avons encore tout un chemin à parcourir pour collectivement s'extirper d'un passif judéo-chrétien qui freine trop souvent notre progrès social.



4 commentaires:

  1. Haha, ne nous y trompons pas ! Je pense que la campagne doit être en train de faire du remous en France, même si le degré d'ouverture est supposément plus grand. Ce serait le cas dans n'importe quel pays, à des degrés divers.

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  2. Nous elle nous plait bien cette campagne http://ow.ly/5xUDw Merci pour les précisions

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  3. Merci pour cet article a propos de notre campagne d’affichage, qui rencontre un grand succès. Pour marquer l’événement, nous avons réalisé un micro trottoir dont voici la vidéo : http://youtu.be/BDUQGY-LVIw

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  4. En parcourant le net à un moment donné, j'étais tombée sur la 3eme affiche... et j'ai souris! C'est tellement malin et inattendu de joueur de la sorte avec les mots!
    Donc qu'on adhère ou pas à ce principe, on ne peut pas nier que leur communication est réussie! Tout reste en tête (même le nom et logo du site)

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