La créativité est un état d'esprit. Une manière de reformuler sa vie. De communiquer ses idéaux. C'est une façon de véhiculer sa propre conception du monde. La créativité est une ouverture à la culture, surtout celle des autres, car comment arriver à les séduire si on n'a que de référence que celle de son nombril? La créativité est une question d'anticipation, de futurologie, de flair. Les pastiches ne font pas histoire, les références oui. Finalement, être créatif, si on ne sait pas démontrer pourquoi notre approche fonctionnera, relève de l'utopie. Car si on ne peut exprimer l'efficience de ses idées, dans quelques arguments clairs, en rapport avec les objectifs du client, tout devient futile. Ne pas savoir expliquer veux dire qu'on n'a pas compris.
Lorsque j'ai l'opportunité de parler de mon métier aux étudiants en marketing et en communication de certaines universités, j'aime mettre l'accent sur l'importance de la culture générale et d'un certain recul sociologique. Sans compter la nécessité de savoir se placer dans la peau de l'autre. Ici au Québec, nous sommes condamnés à l'excellence si nous désirons sortir du lot sur l'échiquier planétaire. Pour y arriver, il faut être plus astucieux, mais il faut avant tout mieux comprendre et voir plus loin. Les bonnes idées ne suffisent plus, nous devons aspirer à d'excellentes idées qui marqueront notre époque. L'émotion doit prendre un sens qui nous dépasse, qui nous fait rêver à mieux.
C'est pour cette raison que j'ai préféré la publicité «Imported from Detroit» de Chrysler à «La force» de Volkswagen ou «House Sitting» de Doritos lors du dernier Superbowl. Pour la manière de renouveler le message. Pour une certaine retenue. Mais avant tout par la créativité d'un film publicitaire qui passait avant tout par la lucidité, en rapport avec l'état d'esprit de la clientèle ciblée. Une humilité non dénuée de confiance, un état d'esprit façonné à la dure par les excès d'un système qui se voulait le moteur du monde.
J'ai également apprécié cette annonce. La rédaction est exemplaire, de la dentelle. Précis, concis, synthétique les images à l'avenant, pas de redondance. Mais, est-ce si nouveau ?
RépondreSupprimerAprès tout, nous avons affaire ici à une figure classique : le déchut qui se relève. Ça touche toujours, pour peu que l'exécution soit bonne.
L'Amérique adore les comebacks et on lui en a servi tout un, mais subtilement. Parce qu'en affirmant « Imported from Detroit » on dit presque que the Motor City est loin voire étrangère. Est-ce que Détroit n'a pas profité de cette occasion pour dire au reste du pays : « Vous nous avez lâché. On ne se sent plus partie du pays... mais nous continuons de faire ce que nous avons à faire » (oui, je sais, il y a également une allusion aux voitures de luxe importées, c'est pour ça que j'ai trouvé cette pub brillante)
Ainsi, ce sont deux comebacks que Chrysler pose : Celui d'une industrie, d'une ville qui se remet de la crise et, sa dignité retrouvée, revient dans son pays.
La totale, de tout temps on n'a jamais résisté à ça. Probablement parce que les humains trouvent réconfort dans les figures de résilience.
Merci beaucoup pour ton commentaire éclairant Benoît. Tu as mis le doigt exactement sur ce que je pensais instinctivement. Le American Dream repose sur la notion de comeback, Détroit est au coeur de l'Amérique, bref, c'est là que ça se joue.
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