J’ai rarement vu un média autre que certaines publications spécialisées parler en bien de Twitter. Rarement lu un journaliste vanter les qualités indéniables de la plateforme. On se confine plutôt à des analyses de surface, à des jugements de valeurs, de Nathalie Petrowski à Stéphane Baillargeon hier dans Le Devoir (quelle sale petite attitude), on sent que Twitter agace, irrite. Mais c’est normal, mettez-vous à leur place: 370 000 personnes se joignent quotidiennement à Twitter, plus de 30 millions en moins de deux mois, autant de gens qui passeront plus de temps à gazouiller et à accéder à de l’information pertinente partagée selon leurs intérêts. Des individus qui délaisseront graduellement aussi les médias traditionnels pour se concentrer sur ce qui vaut réellement la peine pour eux.
La planche de salut des journaux, pour ne nommer que ce média, repose sur la faculté de leurs journalistes à établir avec les gazouilleux une relation tangible par une conversation réelle, et non de les juger. Prenons l’exemple de Michelle Blanc, qui ne fait visiblement pas l’unanimité dans les médias traditionnels, mais qui a toutefois l’honnêteté de livrer le fond de sa pensée à une époque où la rectitude politique mène la plupart des journalistes par le bout du nez. Au lieu de saluer son audace et de révéler au grand public l’importance de son rôle de pionnière des médias sociaux, elle qui se place littéralement sur la ligne de feu en utilisant sa propre personne comme laboratoire des médias sociaux, on s’amuse plutôt à la pourfendre en demi-teinte sans jamais réellement avoir le courage de livrer le fond de sa pensée. Non, je l'avoue candidement, je ne suis pas toujours d’accord avec elle et oui, parfois, elle m’irrite. Mon respect pour ce qu’elle est et pour ce qu’elle fait est par contre sans bornes, car elle ose naviguer en eaux troubles dans une mer incertaine où les conditions changent pratiquement en temps réel, elle défriche, elle vulgarise, se livre, en toute transparence. Elle s'expose. Elle révèle aussi à travers sa popularité grandissante le narcissisme agacé d’une certaine classe journalistique qui carbure plus à la gratification qu’à la livraison d’information pertinente. Et là soyons clair, je ne parle pas de tous les journalistes, car je voue un respect énorme à la grande majorité de ceux-ci, mais bien d’une poignée de bornés qui n’osent pas se rendre à l’évidence: le monde évolue plus vite que leur capacité à l'assimiler.
Twitter n’est pas une anecdote ou la saveur du mois, c’est une réalité. Plusieurs journalistes, dont Patrick Lagacé et Cécile Gladel, savent utiliser adéquatement l’outil pour aller plus loin, pour démarrer des échanges constructifs, pour accéder à certains contenus inédits, pour mousser la popularité de certains articles ou pour noter en mode qualitatif la rétroaction à chaud des internautes par rapport à un sujet d’actualité. Je l’ai déjà dit, Twitter devient ce que l’on en fait, aucune règle ne pourra jamais dicter son utilisation et aucune critique acide ne pourra réduire sa portée. Tout ce que j'aurais à dire aux bornés se résume finalement à ceci: If you can’t beat them, join them.