Mille neuf cent soixante-seize, quelle belle période! J’avais 5 ans. Le Parti Québécois était élu pour la première fois (quoique ça ne me faisait pas un pli sur le nombril car je préférais mes blocs Légo), c’était aussi l’âge d’or de l’agence BCP, menée par les créations du Maurice Richard de la pub québécoise, Jacques Bouchard. Les agences de publicité faisaient de l’argent comme de l’eau. La créativité, à cette époque, laissait beaucoup de place à la chanson, voire même aux chorégraphies. Elle reflétait assez justement l’évolution sociale québécoise issue de la Révolution tranquille. La pub et la société ne faisait qu’un. Les courants sociaux d’avant-garde étaient imbriqués dans la création. C’était à la fois beau et naïf. Mais chose certaine, l’industrie encourageait une tonne d’artistes québécois de tout acabit. Les Jeux olympiques étaient chez nous. Et il faisait beau dans le métro, car «Tout le monde était gai, tout le monde avait le cœur au soleil». Cette création, qui dégage quand on la regarde aujourd’hui un humour totalement décalé, à des années lumières de l’intention originale, communiquait une fierté bien tangible des Montréalais pour leur métro à l’époque. Évidemment, tout était nouveau, tout était beau (sauf le stade olympique, mais ça, c’est une autre histoire).
Qu’en est-il aujourd’hui? À vrai dire, qu’en sera-t-il demain? Car avec tous les changements qui perturbent notre industrie, c’est l’avenir que nous devons planifier dès maintenant. Cette période de transition un peu vide, dans laquelle nous vivons présentement, est aussi transposée par notre publicité trop souvent basée sur l’humour, sur la fuite par en avant, au lieu de la saine affirmation bien sentie. Car c’est toujours plus facile de se mettre la tête dans le sable que de foncer droit devant. Le métro est désuet et on s’obstine sur les termes de l’appel d’offre depuis 5 ans, alors que les nouveaux wagons devraient déjà être livrés. On se fait faire une nouvelle identité et une belle petite campagne de publicité signée Sid Lee, en «motion design», pour se donner l’impression d’être encore une locomotive, quand dans la réalité, nous sommes réellement en queue de train. C’est la grisaille que ma génération, les «X», avons connue toute notre vie. Alors rabattons-nous sur les succès du Bixi, et espérons que l’avenir nous apportera plus que des illusions, mais une réalité à la hauteur de nos ambitions collectives, et une industrie publicitaire prospère, un peu comme dans le temps où «il y avait du ciel bleu dans les yeux contents de tout le monde.»
Pub retrouvée via @ant11 sur twitter et le blogue J’adore cette pub.
mercredi 30 juin 2010
Il fait chaud quand j'attends le métro
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