C'est le jour de la Fête Nationale que je suis tombé sur cette campagne de sensibilisation qui, à 9h le matin, occupait pratiquement tous les espaces publicitaires disponibles en page d'accueil de Cyberpresse. Une campagne visiblement sans cap de fréquence (j'ai dû charger la page 25 fois), de la Canadian Association of Petroleum Producers. On parle ici des principales entreprises qui exploitent les sables bitumineux en Alberta. J'ai par la suite constaté qu'il y avait un «drive-to-web» à partir du même concept en 30 secondes à la télé.
La campagne, premièrement, est peu créative. Les photos sont réussies, mais le message est aussi subtil qu'un 2'' X 4''. Et si vous vous donnez la peine d'aller sur le site vers lequel ça pointe, vous constaterez que des paragraphes complets sont dupliqués, que les arguments apportés sont peu convaincants, bref, que cette opération qui vise à modifier nos perceptions, ici au Québec, dans un contexte visiblement plus vert que celui de l'Alberta, tombe complètement à plat et manque de respect élémentaire pour notre langue. Ces gens-là mettent des dizaines de milliers de dollars sur une campagne, mais ne sont même pas capables de bien faire traduire leur site ou leurs publicités. J'ai trouvé plusieurs fautes d'orthographe évidentes sur celles-ci, que vous pouvez constater sur les photos. Le logo sur le site est en anglais quand on signe les pubs avec une version française. L'interface et les menus sont en anglais. On n'a même pas pris le temps de programmer quelques pages web, préférant nous lancer à la figure des fichiers en format pdf à lire comme on le faisait il y a 10 ans. Et là, je ne parle pas de la tonalité raccoleuse et totalement décalée, dans le mauvais sens du terme, des préoccupations québécoises. Êtes-vous réellement touchés par un fermier albertain qui prétend savoir ce que représente la «restauration des sols»? Est-ce une blague? Sommes-nous, comme société, qu'une meute d'indigènes qu'on croit pouvoir manipuler avec une campagne de ce calibre? Si c'est ce tout ce que l'on pense de nous, ça donne une bonne idée des réels motifs sous-jacents, des vrais objectifs de communication du CAPP.
(Un grand total de 4 coquilles en 6 lignes!!!!!)
Exploiter les sables bitumineux est polluant. c'est un fait. Toute forme de pollution peut, généralement, être résorbée, même si ça peut prendre des siècles, c'est un fait aussi. Les impératifs économiques dictent la viabilité de cette industrie, rentable que dans la perspective d'un prix élevé du baril de pétrole. Ici au Québec, selon ma lecture, nous avalons difficilement la pilule tout en demeurant conscients que cette industrie génère d'énormes revenus et des milliers d'emplois. En sachant aussi que l'avènement des voitures électriques dans les années à venir changera sensiblement la donne. Mais de se faire remplir comme des imbécile par une campagne débile, ça non. Encore moins un 24 juin.