mercredi 5 mai 2010

Mélodie Nelson: faire sa marque

Mélodie Nelson vient de lancer son livre intitulé «Escorte». Si vous ne savez pas qui elle est, simplement lire son profil ici. Je ne me lancerai pas dans les jugements de valeurs ou dans les prises de positions (vous voyez, déjà-là, je me cale), mais j’aime bien la lire sur son blogue, je compte bien lire son livre et je crois que son approche est intéressante. Du cru bien réfléchi, sorte de contraste entre le vulgaire et le littéraire, lié par une profonde lucidité et un goût marqué pour l’esthétisme bling bling.

Contrairement à Nelly Arcan, qui s’est fait essentiellement connaître par son roman Putain, Mélodie est un pur produit du web. Enfin de la démocratisation du web. Car, au-delà de son image physique et charnelle, Mélodie était déjà une marque connue, bien avant la publication de son livre hier. Une marque qui a su concilier esthétisme de l’écriture, humour décalé, mode de vie urbain déluré et un recul, voire même une analyse assez profonde sur le plan sociologique et psychologique de ce qu’elle est, de ce qu’elle fait. Cette fille rassemble donc des attributs de marque qui apparaissent de prime abord contradictoires, mais qui en font un cocktail unique, effervescent, aux allures de liberté, parfois aussi teinté en filigrane d’une tristesse, d’une nostalgique prise de conscience ambivalente. Cette marque unique et distinctive, c’est avant tout sur son blogue nommé tout simplement «Martini à la vanille, sodomie et vibrateur», qu’elle l’a peaufinée, mais aussi sur sa page Facebook personnelle qui compte plus de 1700 amis, sans compter la page de son livre qui rejoint plus de 600 adeptes et par ses interactions toujours sensées sur twitter. Son capital de sympathie est en forte croissance: elle a récemment donné une entrevue à Christiane Charrette sur la Première chaîne et je l’imaginerais très bien faire partie de l’une des deux dernières émissions de Tout le monde en parle, car elle incarne en soi un sujet qui ferait jaser, une affirmation très déstabilisante du féminisme, une estime de soi dérangeante, mais une expression toujours empreinte de sensibilité sous des airs narquois.


Ce que je retiens de Mélodie Nelson pour l’instant, c’est cette opportunité qui est depuis peu donnée à tous, soit de se bâtir une marque forte. Ce n’était pas possible il y a 20 ans, cette liberté de créer du contenu, d’établir des relations avec ses lecteurs, de s'établir une notoriété, bref de communiquer sa vision du monde, sans coût réel de diffusion. Tout ça relevait de l’utopie, du rêve. C’est justement ce qu’elle vendait jadis à ses clients, du rêve. Mais plus maintenant, car de faiseuse de rêves et d’orgasmes, elle est passée à quelque chose de plus puissant, de plus métaphysique, quelque chose qui réside dans les attentes décuplées de sa base d’adeptes. Je lui souhaite la meilleure des chances.

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