Ceux qui me suivent sur twitter ou qui me connaissent personnellement, savent à quel point j’apprécie la série américaine Mad Men. Au-delà de mes affinités avec le monde de la publicité, New York, les années 60 et pour une certaine direction artistique léchée, je ne savais pas vraiment, jusqu’à tout récemment, pourquoi je tripais autant sur cette série encensée par la critique. La réponse m’est apparue soudainement, sous la douche, hier matin.
Nous vivons dans un monde à la course. Dans un univers où l’on se détruit la santé quotidiennement par le stress, tout en se donnant bonne conscience en consommant des oméga-3, des légumes, des fibres et en courant des centaines de kilomètres par année. Dans une société où l’apparence prend parfois une place disproportionnée. Où le sexe est plus tabou qu’on ne le croirait. Où la droite politique joue un rôle prépondérant, à contre-courant de notre évolution sociale (c’est le marché libre qui a ruiné l’occident et nous continuons collectivement à en vouloir aux politiciens de gauche et aux syndicats). Bref, nous vivons dans une société hypocrite, centrée sur son nombril et aucunement consciente de son passé. Et on se dit que c’était pire avant et que rien n'est parfait. Et bien, quand j’écoute Mad Men, j’ai l’impression du contraire. La vitesse et le stress sont remplacés par une lenteur qui permet aux regards de s’allumer. Les gens fument et boivent, mais demeurent lucides par rapport à ce qu’ils font et assument. Leurs désirs sont exacerbés. Ils vivent. Ils ne se dérobent pas de leur existence et de leur faculté de réfléchir par une fuite par en avant, un peu comme nous le faisons au Québec avec nos millions d’humoristes qui «surfent» de blagues en blagues devant des auditoires anesthésiés au moment présent et à l’affût du prochain rire forcé. Mad Men me fait réaliser l’importance de l’instant, à coups de 47 minutes par épisode. Ce n’est pas assez pour m’empêcher de retomber dans le tourbillon le lendemain, mais c’est déjà ça.
Je vous laisse sur ma scène fétiche (impossible de l'imbriquer directement à mon billet), elle dit tout sans rien dire, à écouter lentement, calmement, seul de préférence.
Bonne fin de semaine de la fête du Travail!
Crédit photo : Rolling Stone Magazine
Non, Mathieu, ce n’était pas pire avant, c'était pareil avant. Enfin, tout dépendant de ce que tu appelles « avant »… je ne me hasarderai pas à commenter le rythme de vie du monde médiéval. Je vois une exception dans la montée de l’opinion de droite, peut-être, qui m’apparaît en effet un changement. Mais le reste de ce que tu décris, le monde à la course, le stress destructeur, la place disproportionnée de l'apparence, l’hypocrisie de la société… je suis bien certaine que tu pourrais retrouver ton commentaire quasi mot pour mot dans des billets écrits il y a trente ans (je les ai lus), cinquante ans, soixante-quinze ans. Tout le XXe siècle après la première guerre, c'est certain. Et je ne serais pas étonnée qu’il soit possible de trouver des opinions similaires remontant même au XIXe siècle. Il y a toujours eu des gens que les circonstances amènent à vivre davantage dans l’instant et d’autres qui arrivent à s’en dégager. Par un moment de réflexion sous la douche ou en berçant un Tout-Petit dans le silence de la nuit. Et qui retombent dans le tourbillon le lendemain.
RépondreSupprimerJ’ai rencontré dans un petit village du Saguenay une femme qui me disait à quel point elle appréciait sa nouvelle vie, loin de l’excitation de la ville. Quelle ville, j'ai demandé… Montréal ? Québec ? Non, non, Chicoutimi-Nord, a-t-elle répondu.
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Les Madmen, c’est avant mon temps, mais l’atmosphère d’une présentation importante n’avait pas tellement changé. Une scène extrêmement prenante.
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RépondreSupprimerHélène, je n'ai jamais dit que c'était pire avant, au contraire, je dis que c'est une excuse que certaines personnes se donnent aujourd'hui pour se contenter de leur piètre niveau de vie, en mode urbain bien sûr. Je crois qu'on se pense bien bons et évolués, quand bien souvent, comme je le dis dans le billet, on arrive mal à assumer nos réels désirs, rectitude politique oblige. Je te dirai néanmoins, pour avoir vécu les 20 dernières années sur le marché du travail, que la présence accrue d'Internet, des médias sociaux et des téléphones intelligents rend le simple fait de «décrocher» un peu plus dur qu'avant. Mais bon, tout ça s'applique à la ville, car pour le reste, je n'en sais rien. Je suis donc d'accord avec toi, mais je crois avoir été mal compris, ou m'être mal exprimé. Tu me fais toujours un peu bidonner avec tes allusions au passé, comme si je n'étais pas conscient des effets de balanciers et que je n'avais aucun recul sur le plan sociologique, tsé Hélène, nous ne sommes que des poussières, la tienne datant légèrement plus que la mienne ;)
RépondreSupprimerJe dirais qu'ils font tout sauf s'assumer, dans cette émission. En passant, j'adore cette série.
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