lundi 2 août 2010

Tout ne doit pas être parfait

Les gens d’affaires qui osent démarrer une nouvelle marque font souvent face à un mur de crainte par rapport à l’ampleur des travaux à faire et, surtout, à la possibilité que tout ne soit pas parfait dès le début. Cette crainte, nous la partageons aussi en agence, car le niveau de détail que nous pouvons atteindre dans le développement d’une marque est microscopique. Comment déterminer les priorités qui doivent être achevées avant le lancement des autres composantes qui pourront être développées par la suite? Il n’y a pas de recette, mais ce qui doit primer, à la base, c’est la transmission à la clientèle de l’essentiel des différentes composantes de la marque (valeurs, philosophie, personnalité, etc.) tout comme la qualité du produit ou du service dans un contexte franchement différenciateur. On doit donc livrer la marchandise et répondre aux attentes, mais dans un registre qui nous est propre. Le reste pourra être peaufiné. De toute façon, une marque est en soi un processus itératif et évolutif.

Prenons le cas du Festival Osheaga, auquel j’ai assisté cette fin de semaine. À ses débuts, ce festival ne comptait que sur des commandites mineures ainsi qu’un ou deux kiosques de bouffe qui, bien honnêtement, ne livraient pas la marchandise. Je me souviendrai toujours d’avoir fait la file 40 minutes, en 2007, pour un hamburger précuit dont la viande était froide. La programmation n’avait pas le lustre de celle de cette année ou de l’an dernier. L’espace n’était pas exploité de manière optimale. C’était un festival intéressant mais embryonnaire. C’était cependant un festival unique, sur un site unique, dédié à la musique indépendante, et son cœur, soit son contenu musical et l’expérience qui y était reliée, ont été suffisamment pertinents et vibrants pour que la clientèle y retourne, au fil des ans, en répandant au passage la bonne nouvelle à leurs proches. La version 2010 d’Osheaga, commanditée en grande pompe par Blackberry et Budweiser, se situait à des lustres de la version originale en termes d’organisation et d’innovation, entre autres avec sa portion Osheaga en ville et particulièrement avec la Scène verte Sennheiser, alimentée à l’énergie solaire, et qui offrait, à échelle humaine, un niveau de confort et une qualité sonore inégalés pour un spectacle extérieur selon moi. Les organisateurs ont tout simplement peaufiné et emballé une idée gagnante. Jamais ils n’auraient pu atteindre ce niveau lors des premières années, car ça n’aurait tout simplement pas été viable financièrement (ils fonctionnaient à perte de toute façon). Il faut être prêt à faire ses preuves, à franchir les étapes une par une, à y croire et à visualiser son succès.

C’est parfois mieux de lancer une bonne idée avec les moyens du bord que de ne rien faire, faute de perfection. Une bonne idée, pertinente, livrée par des passionnés, qui répond à un besoin réel, saura toujours faire son chemin dans la vraie vie. Car au-delà de la réflexion, le succès réside autant, sinon plus, dans la ferveur et l’action.


Photo : Les deux scènes d’Osheaga lors de la version initiale en 2006.
Crédit photo : Voir.ca

2 commentaires:

  1. Osheaga a toujours été le bébé de Gillett Entertainment Group (maintenant Evenko). De croire que c'est une organisation "qui grandit" est un peu de tomber dans leur panneau... parce que c'est gigantesque, l'organisation derrière. Et ce, depuis la toute première édition

    RépondreSupprimer
  2. @Eric je sais très bien tout ça, mais un fait demeure, mieux vaut se bâtir graduellement une base d'adepte que de ne rien faire, c'est l'idée de ce billet. Osheaga connait une belle progression, et peu importe la nature de l'organisation derrière, il y a eu prise de risques et priorisation dans les déploiements.

    RépondreSupprimer

LinkWithin

Related Posts with Thumbnails