Microsoft diffuse au Québec une série de publicités vantant les mérites de Windows 7 depuis près de 18 mois, la plus fréquente étant celle montrée en intro. Pourquoi un billet sur cette publicité? Parce qu'elle me donne égoïstement l'opportunité de disséquer quelques erreurs grossières.
En premier lieu, il faut absolument noter le contexte culturel qui est totalement à côté de la plaque. Les gens de Microsoft et de son agence ne font visiblement pas la différence entre les cultures québécoise et française. Ne vous méprenez pas sur mes intentions, j'adore la France, mais quand on m'assaille avec une pub sans me donner la moindre chance de m'y projeter, avec mon vécu et ma culture propre, on mine dès le départ ses probabilités de réussite. Certains concepts réussissent à passer outre ces barrières culturelles, mais ils se situent au-delà de la mêlée sur le plan créatif, ce qui n'est visiblement pas le cas de cette publicité. Qui plus est, en plus de mal communiquer aux Québécois, elle peut être interprétée comme méprisante et stratégiquement paresseuse de la part de l'annonceur. Achèteriez-vous un produit d'une entreprise qui ne ferait pas le moindre effort pour vous comprendre? Sortiriez-vous avec un gars ou une fille qui vous parlerait comme si vous étiez quelqu'un autre?
En second lieu, grave problème de tonalité. S'il y a une chose assez évidente en publicité, c'est qu'on peut difficilement créer de toutes pièces la spontanéité et proposer un humour naturel, sans avoir recours à des comédiens talentueux et bien dirigés. Or, ce concept, qui semble être à cheval entre la téléréalité et la mise en scène, sonne terriblement faux. La comédienne tente de paraître sympa mais elle n'y arrive pas. Elle devient, au contraire, particulièrement irritante, surtout parce qu'elle tente d'en faire trop. J'espère pour elle et son entourage qu'elle n'est pas, dans la vraie vie, la nunuche hyperactive qu'on voit dans cette publicité. En plus, le montage est bâclé et les effets spéciaux pas bien réussis, surtout celui qui feinte «l'illumination». Une «job» de juniors pour un compte des ligues majeures.
En dernier lieu, la stratégie de création me semble discutable. On veut vraiment nous inciter à croire que Windows 7 est le fruit d'une démocratisation de ses usagers et qu'il répond à leurs désirs au point où ils croient être à l'origine de ses nouvelles fonctions, de là le pathétique énoncé artificiel final: «Je suis PC, et Windows 7, c'était mon idée». De plus, on essaie vainement de repartir de manière implicite les guerres de clocher entre Mac et PC, et par le fait même, de favoriser le sentiment d'appartenance à un logiciel beige qui succède tant bien que mal à l'épisode catastrophique de Vista (implicitement admis dans la pub). Selon moi, toute cette approche est basée sur de mauvaises prémisses, car les gens s'en balancent vraiment. Il n'y a tout simplement pas de réelle connexion émotionnelle entre Windows et ses usagers. J'utilise Windows tous les jours et c'est plate. Il fallait partir de là, lucidement, au lieu de se créer des chimères.
Toutes ces défaillances sont, et c'est le dernier clou dans le cercueil, amplifiées par une fréquence de diffusion qui mine carrément la marque. Alors que voulez-vous, je vais continuer à zapper et à zipper cette pub jusqu'à ce que cet annonceur plutôt inconscient sorte de sa bulle de savon rose et se renouvelle un peu, probablement avec la sortie de Windows 22 en 2048. C'est malheureusement une autre démonstration flagrante d'une multinationale qui se tire un coup de douze dans le visage avec sa publicité, au lieu de bâtir une réelle «conversation» avec ses clients et prospects. Des millions de dollars jetés à l'eau. Et c'était leur idée.
jeudi 29 juillet 2010
Cette pub conne, c'était leur idée!
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Tellement vrai. Je dois admettre que la pub avec le mec par contre est assez comique. Pour ce qui est du contexte culturel, je ne pourrais être plus d'accord. Le meilleur exemple d'une grosse boîte qui fait une initiative marketing à grande échelle adaptée à chaque marché, c'est Coca-Cola, qui, avec leur pub "Célébration" et la chanson "Wavin' flag" on fait des versions pour chaque pays de la Coupe du Monde. Génial.
RépondreSupprimerÇa fait combien de temps que Microsoft a vraiment été connecté à sa base d'utilisateurs? En y pensant, je pense pas que ce soi arrivé dans la dernière décennie... Pas surprenant de voir cette très mauvaise campagne de pub en être le résultat.
RépondreSupprimerTrès très d'accord avec toi Mathieu. Cette pub est complètement à côté de la "track" comme on dit pour plusieurs raisons. Tout sonne très faux.
RépondreSupprimerNuances à apporter au contexte culturel par contre, une idée - une grande idée ne devrait pas à avoir à se coller au contexte culturel d'un pays, région pour que ça fonctionne et que les consommateurs y croient, c'est pas le principal problème de la pub Microsoft - si l'idée avait été bonne - elle aurait véhiculer et fonctionner partout - québec, montréal, paris et accent ou non. Non leur stratégie est complètement à côté de la plaque, depuis quand Windows écoute leur usager, leur consommateur, est-ce réaliste, crédible et authentique...non tout est faux et comme tu dis, ça paraît tellement que c'est leur idée . Excellent papier Mathieu !
Malheureusement, Microsoft se balance beaucoup du contact émotionnel qu'elle peut avoir avec son public. C'est toujours le cas aujourd'hui, Microsoft a le monopole. Apple a beau gagner du terrain, la majorité du monde du système d'exploitation professionnel et résidentiel reste le territoire de Microsoft.
RépondreSupprimerAlors, je suis pas mal certain qu'il il y a eu ce genre de dialogue:
Timmy: Est-ce qu'on adapte le concept aux différentes cultures des marchés ciblés?
BOSS: Ca va revenir moins cher d'adapter le message pour les langues seulement.
Timmy: Oui mais l'identité à la marque...
BOSS: Timmy, sincèrement, tu crois que ça va baisser les ventes du logiciel si on n’adapte pas le message aux différentes cultures mais seulement à leur langue?
Timmy: Non... Tout le monde a besoin de Windows...
BOSS: Bin cé ça. (À lire sur le ton du comédien dans l’annonce d’A&W, :P)
J'appelle ça de la créativité-comptable. Peu importe le sujet, c'est la marge de profit à la fin qui justifie la campagne et non son potentiel de communication du message prévu.
Même si Apple a une plus petite part de marché que Microsoft, c'est Apple qui "lead", ce sont eux qui innovent avec leurs produits haut de gamme, qui connectent intensément avec leur clientèle et brille au plans des communications, tellement qu'ils tendent à verser dans l'autre excès, celui où les gens qui ne sont pas leurs clients se disent qu'il en font un peu trop quand sort un nouveau produit et trouvent l'hystérie crée par Apple complètement démesurée.
RépondreSupprimerSi Apple lead, Microsoft sont les "suiveux" qui sortent des produits plus abordables que ceux d'Apple et qui conséquemment, ont une la plus large part de marché, puisque qu'ils font la job du "beau, bon, pas cher". Or, Microsoft prend sa clientèle pour acquise, ils ME prennent pour acquis. Or, ça me déplait considérablement, je n'appartiens pas à Microsoft et il viendra certainement un jour où je me tournerai vers Apple, puisque je serai financièrement en mesure de me procurer du "beau, bon mais cher" et la séduction d'Apple, combinée à cette impression très ordinaire laissée par Microsoft aura fini la job de me convaincre à me tourner vers Appple.
Et pour l'amour, à qui elle parle quand elle regarde vers les fenêtres??? Il n'y a personne!!!
Ce qui me choque le plus dans cette pub, c'est la "comédienne". Qu'est-ce qu'elle joue mal, sans déconner, on dirait une parodie de pub pour se moquer de Microsoft mais en pas drôle... terrifiant.
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