Je reviens tout juste d’un petit séjour au Mexique dans un resort près de Cancun. Le type d’établissement classé 5 étoiles qui promet de nous faire vivre une «expérience». Mes attentes étaient réalistes car je désirais simplement me reposer, en famille, et je n’ai pas été réellement déçu. Voyez-vous, j’ai vu neigé et je sais discerner le rêve de la réalité sur les sites web des principaux grossistes en voyages.
Après quelques jours à faire le bacon, je me suis demandé pourquoi il y avait des détails qui me rendaient complètement dingo à certains moments précis. Ma réflexion m’a amené sur le terrain du ciblage marketing: ce complexe visait large, c’est-à-dire autant les familles que les jeunes ou encore les personnes plus âgées. Cibler large veut dire tenter de plaire à tous. Mais comme vous vous en doutez, c’est une mission impossible.
J’étais assis au bar, dans la piscine, l’eau jusqu’au nombril, mon tout-petit sur les genoux et ma douce à mes côtés, à siroter un très quétaine et assumé Daiquiri aux bananes. Le moment était parfait. Le soleil voilé par l’auvent en paille du bar nous cuisait juste à point comme un braisé de Josée di Stasio, l’eau était juste à la bonne température (vous savez, la température de notre fluide corporel le plus connu), le barman Javier était souriant et empressé… Jusqu’à ce que je sente un embryon de frustration naître en moi, graduellement, pendant que mon cerveau tentait de décoder la chanson qui flottait à travers la douce brise. Un air connu mais que je n’arrivais pas à identifier. Au bout de quelques secondes, mission accomplie! C’était une version totalement lobotomisée de Paradise City, le célèbre succès de Guns and Roses. Mon moment était gâché. J’aime trop la musique pour avaler ce type de pablum auditif. Car pour moi, la musique est une composante de l’expérience de marque qui dépasse l’ameublement sonore: c’est un amplificateur d’ambiance, un catalyseur d’émotion.
À un autre moment presque parfait, pendant le dîner sur une terrasse à quelques mètres de la mer, la même irritation et le même dénouement: c’était une version d’ascenseur de la célèbre With or Without You de U2. J’aurais fait sans. Et là, je vais vous épargner ma montée de pression artérielle à la suite du classique Let’s Spend the Night Together des Stones interprété façon bossa nova par une fille qui ne comprenait visiblement pas les paroles qu’elle déclamait, le tout accompagné d’une flûte de Pan (à écouter en intro à ce billet). Je passerai aussi sous silence une version salsa de Purple Rain et une interprétation des succès des très chevelus Hall and Oats digne de Normand L’Amour au Motel Madrid.
Tout ça pour vous dire que de cibler large signifie d’aplanir pour plaire à tous, et par le fait même de déplaire à tous ceux qui recherchent une certaine forme d’authenticité. J’ai vécu un peu le même phénomène avec la nourriture et les spectacles organisés par la troupe d’animation du Club. Je ne me plaindrai pas, je suis privilégié, j’ai apprécié ma semaine et j’ai quitté le Mexique satisfait de mon séjour. Satisfait, mais pas impressionné. Satisfait comme le sont les propriétaires de Toyota Camry et de Honda Accord. Comme ceux qui portent des chaussures achetées chez FeetFirst. Mais vous le savez, satisfaire n’est plus suffisant. D’après vous, vais-je y retourner?
Je crois que vous allez plutôt vous laissez séduire par un autre Paradis avant de retourner dans cette cité.
RépondreSupprimerIl me semble qu'il manque le WOW facteur dans votre description pour que vous soyez convaincu d'y retourner.
Merci d'avoir partagé votre expérience.
Pedro
Ouf! Vous mettez le doigt sur un gros bobo de ces resorts all inclusive/todo incluido"... C'est comme entendre Ima chanter "Me and Bobby McGee" et ne pas avoir envie de porter plainte à Cité Rick Détente pour agression auditive. C'est un pour ça que je vais ebcore à Cuba, mais encore là, la bêtise corporative nous rattrappe.
RépondreSupprimerQui trop embrasse, mal étreint!