Vous savez tous que Tiger Woods est probablement le plus grand joueur de l'histoire du golf. Le plus connu, le plus étincelant, le plus talentueux aussi. Jusque là ça va. Mais vous savez aussi tous qu'il a trompé sa femme à plusieurs reprises avec toutes sortes de filles pas toutes très recommandables, parfois même dans le domicile familial, et que Nike a diffusé une publicité télé jeudi dernier qui utilise un montage de la voix de son défunt père et où le thème de la rédemption prend toute la place. Là rien ne va plus.
J'aime le golf. J'aime le sport. Mais savez-vous ce que je n'aime pas vraiment pas dans tout ça? En savoir autant. Savoir comme des dizaines de millions de gens les détails intimes de la vie d'un homme que je n’ai jamais rencontré. Je déteste ce voyeurisme primaire et stérile qui fait tant l'affaire des médias. Je ne veux pas embarquer dans le téléroman Tiger Woods. Je veux le voir jouer au golf, point. Déjà que le gars était un pur produit des stratégies de la marque Nike, on a décidé de faire de sa vie une téléréalité. C’est là que je décroche.
Et que penser de cette publicité dont tout le monde parle, à la fois très esthétique, efficace et racoleuse, avec Tiger dans le rôle du Christ piteux devant la voix de son père Earl qui assure le «casting» de Dieu le Père? Rien, je n’en pense rien. Cette publicité qui entremêle le joueur et la marque est éthiquement le prolongement très léché de cette mauvaise telenovela où les maîtresses jouissent de l'exposition médiatique obtenue, et où l’acteur principal s’autoflagelle à coups de thérapies sexuelles et de repentirs chorégraphiés par sa firme de relations publiques. Tout ça pour un joueur, très bon, le meilleur peut-être, mais joueur de golf tout de même. Pas un chef d’État. Pas un homme d’idées. Pas un révolutionnaire. Non, tout ça pour un gars qui frappe une petite balle blanche Nike, en utilisant des bâtons Nike, en marchant avec des souliers à crampons souples Nike, vêtu d'un polo Nike, d'une ceinture Nike et d’un pantalon Nike (je ne sais pas pour les chaussettes ni pour les sous-vêtements). Un gars apparemment charismatique mais qui manque visiblement de jugement dans cette société américaine qui a décrété que la vie privée n’existait plus pour les gens connus, car ils ont une responsabilité envers leurs fans. Tout ça pour ça.
S'il y a une chose que nous pouvons retenir, c'est qu'en 2010, une marque est plus qu'une promesse, c'est désormais une histoire, avec des rebondissements, des implants mammaires, des vitres fracassées, une femme éplorée et des publicités qui synthétisent ce besoin malsain que nous ressentons tous de faire partie de l'histoire, peu importe l'histoire.
lundi 12 avril 2010
Tiger, pour faire partie de l'histoire
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Les vautours comme toujours.
RépondreSupprimerAmen.
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